À l'heure où les rides nous racontent la vie, il est grand temps enfin de l'écrire afin de n'oublier jamais d'où l'on vient en relayant dans la course du temps le passé au présent et celui-ci au futur. Connaître ou découvrir nos racines c'est comprendre et ressentir profondément quelle forte sève nous nourrit.
Ma Mère Conception a relaté dans de nombreux écrits les événements de sa vie. Ses témoignages et ceux des autres resteront comme une empreinte gravée dans le sable du temps qui passe. Elle quitta l'Enfance comme elle quitta l'école à 12 ans pour de tristes raisons, puis elle apprit et écrivit le français, langue d'un pays qu'elle découvrit avec les Siens dans de terribles circonstances mais qu'elle porta ensuite dans son coeur.
Sur ses cahiers d'écolier, devant moi ouverts, riches de mots comme un puits, je puise l'eau de son inspiration, de ses traces et de ses preuves dans les épreuves de la vie. Sa vie et la vie de celles et ceux qui l'ont accompagné n'ont pas été, un long temps, des vies rêvées. Des stigmates sont restés, ils se devinaient dans les regards ou plus encore dans les silences. Traces ineffaçables de ces moments douloureux où chacun savait garder la dignité, l'humanité, la colère retenue en regard de l'humiliation subie et des peurs du lendemain, les yeux toujours tournés vers un espoir et ce à chaque heure de chaque jour. Mais rien, rien de tout cela n'a distillé durant le temps de notre enfance, aurore d'enfance ô combien heureuse.